Partout, autour de ces gens qui ont été contaminés le mercredi au restaurant, on a des cas secondaires. La famille, les proches, les amis. Le virus est un sprinter. Putain, Amandine, c’est la merde !
Frank Thilliez : Pandemia (2016)
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La littérature de fiction, et principalement celle de Science-fiction s’est souvent penchée sur le genre de situation que nous vivons actuellement.
Déjà en 1912, Jack London imaginait un futur post-apocalyptique dans La peste écarlate. Il y fait le récit d’une épidémie planétaire en 2013 racontée en 2073 par un des rares survivants à ses petits-enfants… Ce texte appartient aujourd’hui au domaine public.
Plus tôt encore, en 1842, Edgar Alan Poe imaginait la vie dissolue dans une abbaye fortifiée abritant un prince qui s’y est enfermé avec un millier de ses courtisans afin d’éviter l’épidémie foudroyante de la « Mort Rouge ». Jusqu’à ce que…
Dans « Les années fléaux » (1990), Norman Spinrad, écrivain de science-fiction américain réfugié à Paris pour fuir les foudres de la censure de son pays à son encontre, raconte – en trois nouvelles – une Amérique décadente au bord de l’effondrement, tourmentée par un chaos économique et ravagée par l’épidémie du sida, dans laquelle les personnes atteintes sont parquées dans des zones de quarantaine.
Bien entendu, le roi de la littérature d’horreur ne pouvait pas ne pas s’inspirer lui aussi du phénomène d’épidémie ou de pandémie. Stephen King a publié en 1978 « Le fléau ». Ce roman a fait l’objet d’une nouvelle version, 12 ans plus tard, passant de 458 pages à 1183, y incluant les nombreux passages écartés par l’éditeur et réactualisant plusieurs références culturelles. Dans ce roman, une pandémie de grippe créée en laboratoire se déverse à travers tous les États-Unis, détruisant une grande partie de sa population. King cite comme une de ses influences le roman de science-fiction post-apocalyptique de George R. Stewart « La terre demeure » (1949) où il est également question de pandémie.
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Pour ce qui est de la littérature liée au confinement, un titre sort aujourd’hui du lot et revient quelque peu « à la mode ». Bien qu’il ne soit pas lié à une quelconque épidémie, il s’agit ici d’un récit autobiographique de l’écrivain savoyard Xavier de Maistre Voyage autour de ma chambre (1794). Il raconte l’histoire d’un jeune officier qui, suite à une affaire de duel, se voit mis aux arrêts dans la citadelle de Turin. Ce livre est considéré comme le chef-d’œuvre de son auteur. Il est, comme celui de Jack London plus haut, aujourd’hui en libre accès.
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L’isolement des écrivains est actuellement l’opportunité pour eux de se consacrer entièrement à leur œuvre. Beaucoup de nouveaux romans vont bientôt voir le jour. Pas nécessairement liés à la situation, bien entendu. Et de nombreux ouvrages scientifiques, sociologiques, politiques et autres vont aussi s’attacher à cette crise que nous vivons.
Au registre des initiatives littéraires sur le net, le Festival Lisle Noir (en collaboration avec la Ligue de l’Imaginaire et la Cultura) a eu celle de demander à 40 écrivains de polar d’écrire chacun une nouvelle sur ce que sera l’après confinement : Les nouvelles du lendemain. Parmi les auteurs, on retrouve entre autres Ian Manook, Nadine Monfils, Bernard Werber, Olivier Norek, Michel Bussi et Mathias Malzieu. La directrice Ida Mesplède, à l’origine de cette idée, explique à l’Express : Nous leur avons indiqué le thème, une longueur, entre 3 et 6 feuillets, et un souhait : qu’ils soient le plus optimistes possible. Mais, ça, c’est ce qu’il y a de plus compliqué à demander à un auteur de noir. Malheureusement, l’optimisme n’est pas toujours au rendez-vous, Ian Manook parlant de 207 jours de confinement et Bernard Werber, lui, de… 3 ans !
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Comme quoi, nous ne sommes pas prêts de n’avoir plus rien à lire…