Bien des choses ont changé pendant ces quelques semaines passées chez soi. Certains gestes ont disparu: plus de poignée de mains, plus d’embrassade ou d’accolade. Tous ces gestes familiers et quotidiens qui avaient pris au fil du temps un caractère mécanique en viennent à nous manquer et reprendre sens. Comme le choix de mots…
Un ancien collègue qui, lorsqu’on lui disait « Bonjour. Tu vas bien ? », répondait systématiquement « Mieux ». Réponse pour le moins perturbante il faut l’avouer, mais qui d’une certaine manière, influençait automatiquement la suite du dialogue. C’était, pour lui, une manière de redonner un sens à ces quatre petits mots, à cet automatisme quasi rituel.
C’est le moment de prendre le temps de s’interroger sur leurs véritables significations pour leur rendre toute l’importance qu’ils avaient perdu.
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« En ce temps-là, l’interdiction de nous embrasser mettait tout à coup en relief l’intensité d’une embrassade. La poignée de main la plus conventionnelle, de ne plus pouvoir se produire, retrouvait dans notre pensée une chaleur originelle et nostalgique ».
C’est une des premières pensées de Jean-Pierre Martin dans sa « Lettre sur l’amitié » parue ce 12 mai dans la collection numérique gratuite « Le Chemin« , chez Gallimard.
Ce texte assez court est une réflexion profonde et poétique sur l’impact du confinement sur l’amitié et ses codes, sur la distance qui, paradoxalement, crée aussi le rapprochement, sur ces « amitiés mourantes qui reprenaient vie« …
Un texte puissant qui pousse à une réelle méditation sur le sens de l’amitié vraie.
(Jean-Pierre Martin s’y connait d’ailleurs en matière de confinement. Dans son ouvrage « L’Autre Vie d’Orwell » (paru en 2013 dans la collection L’Un et l’autre des éditions Gallimard), il raconte les trois dernières années de la vie de l’écrivain qui s’est retiré dans une île des Hébrides intérieures pour écrire « 1984 ».) jeanpierremartin.net
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En attendant de pouvoir nous serrer à nouveau dans les bras l’un de l’autre, continuons à prendre soin de nous et de nos loved ones…