Et voici donc mag3, le canard du tourisme littéraire, cette fois patte à patte sur le sol
ferme d’une ville unique, Liège. Or les Éditions de la Province de Liège ont montré leur
enthousiasme pour publier une brique de près de 400 pages remplies d’éléments de la vie
liégeoise, Liège en toutes lettres. Elle est chaude, la Brique, prête à montrer qu’une ville à frire
sans fiction est une viande cuite sans passion, qu’une ville romancée depuis 1823 est une
ville qui vibre de tout son cœur de l’intérieur. Que nous propose la Brique ? Des faits de vie,
des lieux pour manger, dormir, étudier, travailler, s’amuser, prier, s’encanailler, manifester…
tous débusqués dans les 1500 volumes que contient ma collection. C’est une Brique où
s’imbriquent des titres, des éditeurs, des auteurs dans une samba de lettres en fête. Préfacée
avec enthousiasme par Armel Job, illustrée par le talent du photographe Pierre Hyart, conclue
par un article sur l’évolution du tourisme littéraire à Liège, la Brique est le partage de 40 années
de recherches passionnantes. Comment se procurer cette Brique ? Chez les libraires qui ont
accueilli avec sourire les deux premiers numéros du Mag. Et pour faire décoller Mag3, le seul canard qui
graisse la patte aux fictions, un héros vieux de deux siècles vous servira de guide dans la ville.
Bonne chevauchée à tous et toutes. Comme le claironne le groupe wallon Cannette Hit : on the
road again
Trois questions à Guy Delhasse
Guy Delhasse…gardien de but de la littérature liégeoise parce que depuis 1981, il garde dans ses filets tous les romans et nouvelles qui évoquent Liège de près ou de loin. Ce qui a produit plus de 130 balades littéraires dans la ville, six guides littéraires, un recueil de promenades, des plaquettes…
Les « Littérantes », c’est à la fois des promenades à travers Liège et ses communes proches puis aujourd’hui un magazine qui en est déjà à son troisième numéro.
Comment est né le projet des « Littérantes » ?
Le projet est né il y a une dizaine d’années, pour le festival des promenades ; j’avais sorti mon guide de promenades. Mon projet était d’emmener le public dans des lieux qui se trouvent dans quelques romans qui parlaient de Liège. Le projet s’est développé ensuite dans toute la province de Liège, mais aussi à Bruxelles, Namur, Mons et Tournai. Le creuset principal reste Liège, avec à mon compteur, environ 130-140 promenades réalisées. Ces promenades se sont développées via le tourisme (cf. Festival de promenades de la Ville de Liège), des groupes privés, des associations, des ASBL…
Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet des « Littérantes » ?
Le magazine est apparu suite au COVID. Les promenades ont été suspendues. J’avais un subside de la promotion des lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles. J’ai donc fait un magazine. Cette période a été marquée aussi par la fin de la collaboration avec le magazine « Le Vieux Liège » où je tenais une chronique sur les romans à Liège.
Dans les promenades et ce magazine thématique, on trouve l’esprit de Liège à travers des lieux dont certains se retrouvent dans mon livre ; on y parle de romans liégeois ou étrangers qui évoquent Liège, toujours à travers la fiction. Vous ne trouverez donc pas de documentaires. On y voit des magasins disparus, avec beaucoup de nostalgie par rapport aux activités disparues, par exemple Le Grand Bazar qu’on retrouve dans beaucoup de nouvelles et de romans. Il s’agit de Liège vu par les écrivains, et comment ces derniers réinventent les lieux à travers une histoire, des personnages. Ainsi, un gros chapitre est consacré au Carré. On y retrouve le Carré des années 50 vu par des écrivains des années 50, ou le Carré des années 70 vu par des nostalgiques. On y voit aussi l’histoire du Carré à travers les enseignes, mais aussi l’évolution du lieu qui, au départ, était une promenade, notamment à la Belle Époque. Cette promenade a été oubliée avec l’arrivée des voitures. Ce livre pose la vie liégeoise à travers le regard des romanciers qui proviennent presque du monde entier. En ce sens, Liège est une ville littéraire mondiale. Peut-être pas au niveau de Paris, Londres ou Edimbourg mais on a ici un patrimoine important par des écrivains de renommée, pas seulement par des écrivains locaux. Cela dit, le tri ne se fait pas selon la notoriété, mais selon les lieux racontés.
Ce livre est le fruit de 40 ans de recherches (depuis 1981), et de ma collaboration avec de nombreux médias liégeois aujourd’hui disparus comme « La vie liégeoise », « L’Information », La « Wallonie », Le Matin », « Le Jour-Liège ». Ce livre contient aussi une brève histoire de la presse liégeoise à travers les romans et nouvelles qui l’ont racontée.
Est-ce que toutes ces années de cohabitation avec des romans qui parlent de Liège ont changé votre vision de Liège ? Découvrez-vous encore de nouvelles choses en parcourant ces romans ?
Non, je suis dedans en permanence, j’ai mes antennes dressées depuis 40 ans. J’ai mon réseau d’espions, je me renseigne auprès des bibliothécaires, je fouille les librairies. C’est une rencontre permanente, une recherche de tous les instants. Le livre se termine par l’état des lieux du « tourisme littéraire » à Liège grâce à Simenon mais aussi – il faut insister- grâce à un potentiel de romans à exploiter, à faire découvrir. Pour moi, Liège est la ville la plus littéraire de Belgique (il faudrait étudier Bruges et Bruxelles de la même manière). La vie littéraire à Liège est riche, à travers les personnages romanesques et les célébrités qui y sont passées à Liège… Un exemple : le chanteur Antoine est passé par Liège et cite la ville dans le seul roman qu’il ait écrit. Joli, non ?
Contact : guy.delhasse@skynet.be